Post Tenebras Lux - Beyond the ashes
The 4th chapter of my journey after a month in Iraqi Kurdistan.
Exploring southern Kurdistan, reporting on smuggling at the Iranian border.
[Pour la version française, voir plus bas.
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July 2019
Dear friends and family,
After first, second and third episodes, a short account of my visit to Iraq which was finally extended to two months.
It proved to be a fruitful as a first report has just been published in French Marianne Magazine, a major newspaper! The article tackles smuggling between Iran and Iraq in the context of rising American sanctions. See full article here.
It was under a massive downpour that I left Erbil for Sulaymaniya, the second city of Kurdistan.
Torrential rain coinciding with the melting of mountain snow in the region overcame the poorly managed water-table drainage systems of Syria and Iran. Rivers, already full, burst their banks with widespread flooding. The International Committee of the Red Cross had to intervene to help numerous refugees trapped by the water. Fortunately, Kurdistan, situated geographically largely upstream, was relatively spared.
Selfishly, for me, there was the subsequent pleasure of a verdant, misty spring with all its photogenic possibilities.
Sulaymaniya is the seat of the country’s second political force and is associated closely with the memory of Saddam Hussein’s murderous gas attack on the neighbouring Kurdish city of Halabja and the Peshmerga resistance. Less cosmopolitan and concreted over than Erbil, the city blends better into its rural hinterland. The bazaar is a blaze of different colours accompanying an air of freshness and nostalgia wafting in directly from the surrounding countryside. On Fridays the whole place is turned into a farmyard.
As always in the Middle-East, the attention of the western traveller is drawn to a wealth of sensations. But, even as one uncovers hints to essential aspects of local culture, one must beware the intermingling by which the good can coincide with the bad. The litany of tea merchants rattling porcelain cups mix with the solicitations of pamphleteers and artisans is reminiscent of the street-criers of 19thcentury Europe. But this can coexist with religious intolerance, foul-smelling miasma, prostitution and elicit cock-fighting in obscure arenas obscured by nightfall.
My first real excursion into the countryside involved my visiting Halabja, a sad witness to Ba’ath oppression, and the region of Hawraman in the east of the country. There one realises just how much the mountain is a part of the Kurdish identity. Numerous caves can be seen, the refuges of past conflicts but also of numerous herds of animals which furnish the distinct characteristics of local gastronomy. Slopes were covered in foliage just as they would be in the Alps at that time, with the difference that, whereas the latter would habitually be deserted, here there was a sea of bent silhouettes gathering plants, mushrooms and other herbs such as found in the market place.
At my first excursion into a mined area, I could see recent ruins and other signs of past conflicts. The proximity of Iran is naturally linked to a certain degree of tension but above all cross-border traffic of all sorts. This is especially true in this region with Kurds populating both sides of the frontier and those on the Persian side badly treated and poor. The accounts from different mountain smugglers intrigued me and so I decided to stay there awhile.
For a week, I lived with a family that lived mostly by smuggling, approaching the Iranian frontier each day. The current geopolitical atmosphere with increased tension between the US and Iran has had its repercussions even here with increased surveillance along the frontier. I was disappointed not to be able to accompany my comrade-smugglers to their destinations. Prevented either by local authorities or by fear of the Pasdarans and other Iranian agents watching the frontier.
The article in Marianne Mag is based on this experience.
This unfruitful wait as well as a car accident that could have been fatal persuaded me to return to Sulaymaniya. And there, to my surprise, I was able to enjoy the unexpected pleasures of a city given over enthusiastically to the performing arts. A whole new journalistic reporting possibility opened up. That of describing this little-known aspect of a Kurdistan, no longer the phoenix still rising from its ashes, but that of a bird already spreading its wings. Just as the image implied in the expression ‘Post Tenebras Lux’. The creative skill, be it musical, pictural but also entrepreneurial was palpable at all moments. I met artists, talented, sometimes already well known, but frequently outcast…. I followed a dance group, monitoring their progress as well as their doubts until the eventual acclaimed presentation. A scene far removed from that of ruins and ashes.
Having initially extended my planned ten-day stay to a month, I decided to prolong it by yet another month, encouraged by the promise of further topics. And in my next missive you will learn about these.
With my recognition to you all.
Christopher
FRANCAIS:
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Post Tenebras Lux - Au-delà des cendres
Cher tous,
Après les premier, deuxième et troisième épisodes, quelques nouvelles d’Iraq où j’ai fini par rester deux mois.
Mais tout d’abord, j'ai le plaisir de vous annoncer que mon premier reportage vient d’être publié dans le dernier Marianne, en kiosque jusqu’à ce jeudi 18 juillet ! Voir l'article entier ici.
C’est au travers d’un véritable déluge que je quittai Erbil pour Sulaymaniya, deuxième ville du Kurdistan.
De Syrie en Iran, des pluies torrentielles associées à la fonte des neiges et à la mauvaise gestion des bassins versants enflèrent les rivières déjà en crue et provoquèrent de nombreuses inondations. Le CICR dut intervenir et la situation devint parfois compliquée pour de nombreux réfugiés. La position en amont du Kurdistan lui valut d’être relativement épargné. Cet afflux liquide eut du moins le mérite d’assurer un printemps verdoyant et vaporeux, plaisir exquis pour le photographe.
Sulaymaniya, fief de la seconde force politique du pays. Étroitement liée à la mémoire de Halabja, aux attaques chimiques perpétrées sous Saddam Hussein contre les Kurdes et à la résistance des Peshmergas. Moins internationale et bétonisée qu’Erbil, je dirais que la ville assume davantage sa territorialité rurale. Le bazaar y déploie une palette de couleurs, de fraîcheur et de nostalgie directement extraite des campagnes. Une véritable basse-cour s’y formait le vendredi. Y faire un tour, comme dans toute ville du Moyen Orient, offre toujours de quoi sustenter les attentes du regard occidental. Mais si l’on y trouve quelque chose de l’essence d’une culture, gare aux amalgames car le bazaar concentre souvent ce qu’il y a de meilleur comme ce qu’il y a de pire. Le récital des marchands des thés que scande la percussion des coupelles en porcelaine, le racolage des camelots et artisans que l’on peut assimiler aux « cris » des rues que l’on pouvait encore entendre chez nous au 19èmesiècle. Mais aussi l’intolérance religieuse, les miasmes fétides, la prostitution ou les combats de coqs prohibés et menés dans d’obscures arènes dissimulées par la nuit.
La visite d’Halabja, triste témoignage de l’oppression baasiste, ainsi que de la région du Hawraman dans l’est du pays fut ma première incursion rurale véritable. On y réalise combien la montagne est constitutive de l’identité kurde. Diverses grottes y furent le refuge des luttes passées et de nombreux troupeaux procurent les produits si caractéristiques de la gastronomie locale. Observant des pentes herbeuses qui seraient aujourd’hui délaissées dans nos chères Alpes, on s’y surprend à distinguer des centaines de silhouettes courbées en quête de plantes, champignons et autres herbes colportées dans les marchés.
A l’occasion d’une première randonnée au sein de champs de mines, je décelai des ruines récentes et autres signes des conflits passés. Le voisinage de l’Iran suscite naturellement des tensions mais surtout un florilège de trafics en tout genre. Surtout dans cette région peuplée de Kurdes de part et d’autre de la frontière, l’ethnie étant particulièrement paupérisée et maltraitée sur le versant perse. Les témoignages de divers passeurs des montagnes alentours me persuadèrent de rester un peu. Je passai une semaine dans une famille vivant notamment de la contrebande, me risquant tous les jours à approcher davantage la frontière iranienne. Les circonstances géopolitiques que l’on connaît et le regain de tensions entre Washington et Téhéran accrurent toutefois l’obstruction de la frontière. Et je fus déçu de ne pas pouvoir accompagner jusqu’au bout les contrebandiers auxquels je m’étais lié. Empêché soit par les autorités locales, soit par la crainte des Pasdarans et autres agents iraniens particulièrement vétilleux le long de leur frontière.
C’est sur cette expérience qu’est basé l’article de Marianne.
L’attente stérile ainsi qu’un accident de voiture qui aurait pu m’être fatal me décida à rentrer à Sulaymaniya. Je goûtai alors aux agréments inattendus d’une cité incroyablement portée sur les arts. Un nouvel angle journalistique se dessinait : dresser le portrait méconnu et minoré d’un Kurdistan non plus phénix mais ayant bien pris son envol. Comme une phase avancée de ce que signifie la formule Post Tenebras Lux. La création, qu’elle soit musicale, picturale mais aussi entrepreneuriale y est tangible à tout instant. Je rencontrai des artistes doués, parfois renommés, souvent maudits. Je suivis même une troupe de danse, ses doutes et ses progrès jusqu’à l’accomplissement d’une représentation ovationnée. Loin des cendres, bien éloignés des ruines.
Ayant déjà transformé l’essai des dix jours initialement prévus, je choisis de rester un mois supplémentaire après ces prémisses encourageantes. Et vous saurez pourquoi dans mon prochain mail.
Avec toute ma reconnaissance,
Christopher